Abandon de Poste et Présomption de Démission : Ce Que Vous Devez Savoir

Depuis le 19 avril 2023, une nouvelle procédure permet à un employeur de considérer un salarié en CDI comme démissionnaire après un abandon de poste volontaire. Cependant, le Conseil d’État a récemment ajouté une condition clé à cette démarche, renforçant ainsi les obligations de l’employeur. Voici un décryptage complet de cette évolution et de ses implications.

La Présomption de Démission : Un Contexte Récent

Selon l’article L. 1237-1-1 du Code du travail, un employeur peut désormais acter la démission d’un salarié ayant abandonné son poste, sous certaines conditions:

  1. Le salarié doit avoir quitté son poste sans autorisation ou ne plus se présenter au travail sans justification.
  2. L’employeur doit envoyer une mise en demeure par lettre recommandée ou remise en main propre, demandant au salarié de justifier son absence et de reprendre son poste dans un délai d’au moins 15 jours calendaires.

Initialement, le ministère du Travail avait précisé que cette procédure excluait tout recours au licenciement pour faute en cas d’abandon de poste. Toutefois, face aux critiques, cette interprétation a été retirée en juin 2023, rendant le choix entre présomption de démission et licenciement à nouveau possible.

 

Une Validation du Décret par le Conseil d’État

Le 18 décembre 2024, le Conseil d’État a rejeté les recours visant à annuler le décret d’application du 17 avril 2023. Si le décret a été validé, le Conseil a toutefois imposé une précision importante à intégrer dans la procédure.

Une Mention Obligatoire dans la Mise en Demeure

Dorénavant, pour acter la présomption de démission, la mise en demeure doit mentionner les conséquences d’un défaut de réponse ou de reprise de poste. L’employeur doit spécifier que, sans justification légitime ou reprise du travail dans le délai imparti, le salarié sera considéré comme démissionnaire.

Sans cette information, la présomption de démission ne pourra pas être actée, et l’employeur s’expose à un risque juridique.

Le Décompte du Délai : Une Précision Apportée

Le Conseil d’État a également validé que le délai de 15 jours court à partir de la date de présentation de la mise en demeure, et non de sa réception. Cette nuance, bien que technique, est essentielle pour éviter des interprétations défavorables à l’employeur.

 


Impacts pour les Employeurs et Conseils Pratiques

  1. Rédiger des mises en demeure conformes : Assurez-vous que chaque mise en demeure précise clairement les conséquences légales de l’absence de réponse ou de reprise du poste.
  2. Respecter le délai minimum : Fixez un délai de 15 jours calendaires, en comptant à partir de la présentation de la lettre.
  3. Documenter les étapes : Conservez une trace écrite des échanges pour sécuriser votre démarche en cas de contestation.
  4. Faire appel à des experts : Sollicitez l’aide de juristes ou de services spécialisés en RH pour garantir la conformité de vos procédures.

Un Regard vers l’Avenir

La validation du décret par le Conseil d’État marque une étape importante dans la gestion des abandons de poste. Cependant, l’ajout de nouvelles obligations met en lumière la complexité croissante de la gestion des ressources humaines.

Pour les professionnels, cette évolution souligne l’importance de rester informés des changements législatifs et d’investir dans des solutions adaptées pour sécuriser leurs démarches.

En conclusion, en intégrant ces nouvelles exigences dans vos pratiques, vous sécurisez vos décisions tout en réduisant les risques de contentieux. L’adaptabilité et la rigueur restent vos meilleurs alliés dans un contexte législatif en constante évolution.